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Eglises Protestantes de l'Arize et du Couserans - UNEPREF Ariège (09)
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Historique du Mas d'Azil

Dès les origines de l’humanité, cette petite boucle de l’Arize (rivière qui traverse notre vallée) a servi de refuge ou de résidence à l’homme. La structure géologique de cette partie de la chaîne du Plantaurel avec son immense caverne n’y est pas étrangère. Une période préhistorique spécifique du Magdalénien a été identifiée dans cette grotte c’est l’Azilien. Peintures rupestres, harpons silex taillés, les galets peints, quantités de sculptures célèbres dont le propulseur « le faon aux oiseaux », le bouquetin, la tête de cheval ou le bison restent témoins de cette première occupation par l’homme de notre vallée.

Ensuite Barbares, Gaulois, Romains goths et wisigoths nous laissent quelques traces de leurs passages (noms de lieux, dolmens, oppidum…) Le premier développement important dont nous retrouvons des traces écrites remonte au règne de Pépin le Bref vers 752. Des moines Bénédictins décident de venir s’installer dans ce qui deviendra notre village en créant une communauté (Mansus Azilius ou Mas Azilii). Cette communauté deviendra une des abbayes (Saint-Étienne d’Azil) les plus importantes du sud ouest de part sa taille, ses possessions territoriales et ses biens. Elle le restera jusqu’à l’arrivée de la réforme vers 1540. Le village est fondé en 1286 et c’est une halte sur le chemin de Saint-Jacques.

Au seizième siècle, les protestants arrivent dans cette contrée et s’installent. Pourquoi ? beaucoup d’hypothèses mais rien de précis (lieux éloignés, la grotte, village difficile d’accès…), ils y deviennent rapidement majoritaires en nombre, notre village devient un centre du protestantisme régional des plus important, il sera même qualifié de « Genève du comté de Foix ».

Le premier pasteur vient s’installer vers 1560. En 1568, a lieu le premier siège du Mas-d’Azil, il est lancé par le Sénéchal de Toulouse Bellegarde mais celui-ci échoue dans son entreprise. En signe de représailles, une grande partie des locaux de l’abbaye est saccagée ou détruite et les moines sont chassés, le culte catholique y est interdit. Jeanne d’Albret fera fortifier le seul accès au village : la grotte, par une porte de fer. La tradition orale signale un probable passage de Calvin au Mas-d’Azil (ce voyage aurait pu avoir lieu lors du séjour de Calvin à Nérac chez Jeanne d’Albret). Une maison du village est signalée comme ayant abrité le réformateur et dans une grotte ayant abrité des cultes clandestins, une stalagmite porte le nom de « chaire de Calvin. »

Le haut fait historique reste le deuxième siège du Mas-d’Azil en 1625 (le récit historique a été publié dans un précédent numéro du journal). L’armée du maréchal de Thémines devra capituler malgré la très grande supériorité en nombre de ses effectifs par rapport à la population du village. La vengeance sera rude pour nos réformés : château détruit, fortifications rasées en 1636. Le culte catholique est rétabli, les moines reviennent au village en 1650 et rebâtissent une église sur les fondements de l’église abbatiale en 1681. L’abbaye sera supprimée définitivement, quelques années avant la révolution, en1774. Cette révolution transformera l’église en temple de la déesse raison, les protestants achètent l’ancien hôpital de l’abbaye pour y établir leur lieu de culte. En 1821, les locaux étant devenus trop vétustes, ils seront démolis et le temple actuel (5ième du nom) est construit.

Comme beaucoup de territoires protestants, il y eut des heures noires. Les célébrations étant interdites par le pouvoir, celles-ci avaient lieu dans la nature ou dans les grottes (grottes de Peyrounard, du Mas d’Azil) et beaucoup de lieux portent les marques de ces époques. La répression fut sans merci : galères du roi, exécutions, emprisonnement n’épargnèrent pas les protestants locaux.

Armoiries Mas d'AzilLes armoiries de notre village représentent un château avec une porte ouverte, symboliquement cette porte ouverte me paraît très intéressante et importante. Notre village a été toujours ouvert vers l’extérieur et a toujours servi de refuge et d’asile soit pour des hommes soit pour des idées nouvelles et souvent avant-gardistes malgré sa situation géographique. La présence au Mas-D’Azil d’une loge maçonnique (elle fut la première de l’Ariège) installée par le baron de Bonvilar en 1766 sous le nom de « la cordialité » atteste du désir de connaissance et d’ouverture d’esprit des habitants Nous retrouvons dans cette loge la plupart des pasteurs protestants et beaucoup de paroissiens. Il convient de signaler la présence de la libre pensée qui tira une grande partie de son effectif dans la population protestante des lieux. Cette volonté d’accueil ne se démentira pas lors des deux guerres mondiales. La guerre civile espagnole amènera chez nous beaucoup de familles de réfugiés dont plusieurs deviendront protestantes grâce au travail de la paroisse et de ses pasteurs. Cette tradition d’accueil se perpétue d’une autre manière avec la mise en place dans nos locaux d’une halte des pèlerins de saint Jacques.

Je n’ai pas parlé de la vie économique passée bien que celle-ci fut très importante : richesses agricoles, grand producteur de fruits en particulier pêches et figues, la vigne, le tissage, le travail de la corne animale. Notre village possédait aussi une forge à la catalane. C’était une plaque tournante du commerce par l’importance de ses marchés et de ses foires.

En conclusion, je voudrais parler d’une association culturelle que nous avons créée « Fil d’Arize », nous souhaitons l’utiliser comme un outil de communication et d’échange qui nous permettra de valoriser notre patrimoine historique et ainsi de perpétuer cette tradition d’ouverture et de dynamisme. Nous avons de nombreux projets comme la création d’un musée protestant, l’aménagement de sentiers de randonnées, la rénovation du patrimoine bâti protestant, l’organisation de manifestations culturelles (concerts, conférences…)

Merci à Nuance (n° 200) de nous avoir permis de parler de notre beau pays, de le faire connaître et de donner aux lecteurs l’envie de venir nous visiter…Nous aurons besoin de beaucoup d’aides et d’encouragements pour mener notre mission, pour conjuguer le passé au futur.

Jean-François HUC