UNEPREF Ariège
Eglises Protestantes de l'Arize et du Couserans - UNEPREF Ariège (09)
Fil conducteur : Accueil » Paroisse du Mas... » Chroniques » Les deux Colonels de la grand’rue du Mas d’Azil...

Les deux Colonels de la grand’rue du Mas d’Azil

Écrit le 01/07/2010, dans Chroniques Mas d'Azil

Co-participants à la mission de la légendaire colonne Leclerc.

André de Verbizier (1939)

André de Verbizier, le protestant (1939)

Le récit de la première rencontre en décembre 1940, au Tchad, en Afrique Centrale, de deux jeunes volontaires des forces françaises libres appartenant tous deux a deux vieilles familles du Mas d’Azil, l’une de tradition protestante, l’autre de tradition catholique, illustre l’absence de relations qui était celle de la vie quotidienne des 2 communautés durant les années qui ont précédé la guerre de 1939.

Fin juillet 1940, le médecin capitaine André de Verbizier, déjà praticien confirmé, participe au ralliement du Caméroun et du Tchad à la France Libre. Il est alors médecin au régiment du Tchad des Tirailleurs Sénégalais et réside à Fort Archambault avec lydie sa jeune épouse (à l’époque seule femme d’origine européenne de la ville). C’est là qu’il rencontre son compatriote Gilbert de Boisseson tombé gravement malade, qui s’était engagé, lui aussi, pour la France Libre et qui arrivait de Grande Bretagne.

Gilbert de Boisseson, 1940 (2ème à droite)

Gilbert de Boisseson, le catholique, au Tchad (2ème à droite)

En avril/mai 1940, il avait participé à l’opération dite de Narvik en Norvège contre l’armée allemande puis après avoir été rapatrié en France, il rejoint en juin 1940, en Grande Bretagne, la petite équipe combattante constituée autour du Général de Gaulle. Il fait partie d’un groupe très réduit d’officiers et de sous-officiers chargés d’assister le colonel Leclerc.

C’est sous la chaleur étouffante de l’hôpital militaire que le médecin demande à son patient, à peine remis de la grave affection de santé qui a failli l’emporter : d’où es tu toi ? A la réponse du « Mas d’azil », ils tombent dans les bras l’un de l’autre.

Puis ils participent chacun à sa place et chacun avec ses responsabilités propres aux opérations de Koufra et du Fezzan, en Lybie, ensuite à celle de Tunisie, à celle d’Italie et enfin aux opérations si sanglantes dans les Vosges, contre l’armée allemande en retraite. Ils perdent là beaucoup de camarades proches.

Gilbert de Boisseson et André de Verbizier font partie de la poignée d’hommes qui, en juin 1940, refusent de baisser les bras. Ils sont les « combattants de l’impossible ». Tous deux enfants du Mas d’Azil et premiers volontaires de la France libre. Ils réalisent ensemble, sous l’autorité d’un chef d’exception : le Marchal Leclerc, une extraordinaire épopée.

Voilà comment deux chrétiens du Mas d’Azil, ne fréquentant pas la même Eglise, découvrent dans l’épreuve et sans doute à cause d’elle, qu’ils sont frères et qu’ils luttent pour le même idéal de Liberté et de Paix.

M. René GONDRAN
(propos retranscrits par Giselle BATAILLE)